RPG Soluce - Reviews - Xbox Series (2025)

8-Bit Adventures 2 est un RPG développé par le studio indépendant australien Critical Games. Sorti sur PC au début de l’année 2023, cet épisode s’apprête à débarquer sur consoles (PS5, PS4, Xbox Series, Xbox One et Switch). Comme le laisse entendre son titre, ce type de projet, qu’on pourrait nommer “rétro”, promet de retrouver l’ambiance des jeux de l'ère SNES. Ainsi, le studio a pour ambition de faire revivre le charme de ces anciens jeux, mais sans leurs inconvénients : un scénario plus complexe et mature, des protagonistes profonds, des combats plus stratégiques au tour par tour, ou encore une personnalisation approfondie des personnages. Mais, l’Enfer étant pavé de bonnes intentions, il reste à voir ce qu’il en est dans la pratique.

L’homme et la machine

L’histoire du jeu met en scène un groupe d’aventuriers dans un monde médiéval-fantastique a priori très classique : un royaume, un roi, des villages, des cités, des continents … Mais on apprend assez vite que l’univers est régi par une sorte d’entité appelée “The Computer” : une machine qui agit comme un “Dieu” pour que le monde et ses habitants puissent vivre en harmonie. Ces derniers sont d’ailleurs appelés “Programs”, et non pas “Humains”. À la suite de l’éveil d’un virus, nommé “The Glitch”, provenant de l’intérieur du Computer et qui veut recréer le monde à son image, des héros seront amenés à combattre cette menace, aussi bien dans leur monde que dans celui du Computer.

On comprend assez rapidement que l’histoire fait directement suite au premier épisode (auquel je n’ai pas encore eu la chance de jouer), lequel mettait déjà en scène trois héros et le Computer. Cela dit, il n’est absolument pas nécessaire d’avoir joué au premier opus pour apprécier l’histoire de celui-ci. Lorsqu’il est fait allusion à des événements passés, le jeu prend le temps pour résumer la situation, sans pour autant surcharger le joueur d’informations.

Sous des apparences immédiates assez conventionnelles, le scénario est en fait assez surprenant et nous fera visiter aussi bien des lieux habituels (grottes, montagnes, mines, etc …) que des espaces originaux (l’intérieur d’un processeur par exemple) auxquels on ne s’attend pas forcément. Surtout, l’histoire va de surprises en surprises et questionne presque mine de rien notre propre rapport aux machines, robots et autres ordinateurs de manière assez profonde. Ce n’est pas nécessairement quelque chose de nouveau dans une œuvre de fiction (on pensera par exemple à 2001 L’Odyssée de l’Espace), mais 8-Bit Adventures 2 propose au moins un scénario original qui fera passer le joueur par une grande quantité d’émotions, avec un humour omniprésent tout au long du jeu qui ne retire pourtant rien aux scènes tragiques. Cela dit, le traitement de quelques personnages paraît un peu expédié à certains moments.

Car oui, le jeu est porté par un casting de personnages travaillés et profonds, parfois bien plus que dans la plupart des productions actuelles. Le jeu dispose ainsi d’une écriture de bonne qualité, avec des textes intéressants, jusque dans les discussions avec de simples PNJs. On pourra malgré tout lui reprocher quelques longueurs dans certaines scènes, notamment sur la fin, où les dialogues perdent un peu la spontanéité à laquelle on s’était habituée tout au long du jeu. De plus, si on retrouve par-ci par-là quelques références à des classiques du genre, ce ne sont jamais des “hommages” (le degré zéro de la créativité) comme on en voit peut-être trop souvent dans les productions indépendantes. Non, le jeu propose un univers qui lui est propre et dépasse de loin le cadre du simple jeu rétro “pour être rétro”.

8-Bit pour les yeux, les oreilles et les doigts

Graphiquement, le jeu est réalisé en 2D, comme pouvaient l’être les RPGs à l’époque de la SNES, bien que ses visuels rappellent peut-être plus le GameBoy Advance. Cela ne l’empêche pas d’être fignolé comme jamais, avec une attention portée au moindre détail, et à la moindre animation. Surtout, l’univers graphique vient porter l’histoire de manière assez remarquable, car les pixels n’empêchent en rien une scène de transmettre une émotion, quelle qu’elle soit. Chaque lieu est ainsi bien caractérisé et marquant, si bien qu’on se souvient d’eux même si on ne fait qu’y passer brièvement. Le level-design des zones est d’ailleurs particulièrement réussi, avec une petite mécanique pour chaque donjon, ou des petites énigmes à résoudre, qui viennent rompre avec une certaine monotonie qui n’existe de toute façon pas dans le jeu, puisque les zones sont assez courtes mais efficaces. D’un point de vue sonore, on pourra faire le même constat, avec de très bonnes compositions (dans leur style bien sûr), et des bruitages qui collent à l’univers et au style visuel choisi.

Quant au gameplay, on se retrouve face à un jeu au tour par tour assez traditionnel, mais où chaque personnage dispose d’une mécanique spécifique. Par exemple, Charlie pourra choisir de réaliser deux attaques de moindre puissance sur deux cibles au hasard à la place de son attaque normale, ou encore le magicien aura la possibilité d’utiliser son tour pour régénérer la moitié de ses MP. Chacun des sept personnages jouables dispose également de passifs particuliers (Emma, par exemple, est insensible au statut “Blind”, le guerrier peut parfois effectuer des contre-attaques, etc). De plus, une barre de “limite”, commune à l’équipe, se remplit au fur et à mesure des combats et permet de déclencher des compétences spéciales. Chaque personnage dispose par ailleurs de sa propre “limite”, un coup très puissant en général (attaque, soin, buff) qu’il faudra bien sûr utiliser à bon escient.

Si notre équipe de combattants est limitée à trois personnages, il est possible (et même fortement recommandé) de changer de personnage en cours de combat, car cette action est immédiate et ne prend pas de tour. Il est donc tout à fait possible pour un personnage en mauvaise posture de laisser sa place à un autre, ou bien de faire appel à son soigneur resté en ligne arrière. Comme tous les personnages remportent le même total de points d’expérience peu importe qui on utilise, la progression de chaque membre de l’équipe est la même. Malgré tout, on remarque un net déséquilibre entre les personnages : certains sont très puissants alors que d’autres peinent à apporter un véritable plus à l’équipe. Le robot, par exemple, est indispensable puisqu’il peut utiliser ses compétences à l’infini (notamment pour le soin), le magicien est incroyablement efficace, et le dernier personnage jouable obtenu est disproportionnément puissant par rapport aux autres combattants.

Il faut savoir aussi qu’un personnage, outre ses propres équipements (arme, armure, accessoires, etc), peut également activer jusqu’à 5 “Augments”, c’est-à-dire des passifs que l’on trouve ou ramasse sous forme d’objets, et qui viennent renforcer ses points forts ou combler ses faiblesses, voire le protéger des états anormaux. On peut par exemple renforcer les HPs maximum de son magicien, ou bien augmenter l’efficacité des soins, etc. Chaque “Augment” étant unique, il faut donc bien les organiser et les répartir entre les personnages.

Une grande petite aventure

La difficulté du jeu étant relativement moyenne, il est en fait tout à fait possible de tout faire avec une équipe de trois personnages, ce qui est dommage puisque le jeu est basé sur le changement d’équipier en combat, un peu à l’instar de Final Fantasy X. On s’habitue même tellement à son équipe que certains passages, où le jeu impose une équipe obligatoire, se révèlent d’un seul coup assez ardus, car on se retrouve avec des personnages avec lesquels on ne joue que rarement. Mais cela a aussi la bonne idée de diversifier le gameplay et de “forcer” le joueur à utiliser tous les personnages du jeu. Il existe également des affrontements à effectuer en vaisseau, mais si l’effort est louable, il faut bien avouer que cela reste relativement anecdotique et sans réel intérêt. En revanche, le jeu n’est pas non plus avare en contenu optionnel, avec de petites quêtes à effectuer, des zones annexes, des boss supplémentaires et même une arène qui apportent un véritable défi.

Signalons aussi que les combats se déclenchent lorsqu’on touche un ennemi sur la carte, et ces ennemis ne réapparaissent pas, rendant l’exploration agréable, sans être interrompue sans arrêt par des combats. Et il est malgré tout possible de refaire les combats simplement en choisissant une option aux points de sauvegardes disposés en général juste avant un boss. Des combats de boss particulièrement réussis d’ailleurs, puisqu’ils font appel à des tactiques particulières qu’il vaut mieux essayer de comprendre sous peine de grosses désillusions. Mais le tout reste assez simple à comprendre et à maîtriser.